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appart en Chine
16 octobre 2006

Chemises ouvertes

peachtree_big_1_Les chemises des hommes et les fenêtres du minibus sont ouvertes. Les suspensions torturées par les routes de campagne grincent au rythme de la musique techno. A chaque nid de poule nous sommes une trentaine à tressaillir en cœur.
L’horizon est dominé par l’imposant massif de la Montagne Noire ; d’autres monts, plus modestes, sont disséminés selon les caprices de la Nature et des hommes qui y creusent des carrières, des tranchées et des tunnels. Leurs cultures et les tombes de ceux qui y ont travaillé colonisent ces mamelons minéraux où, entre une fine couche de terre et un ciel sans pluie, broussaille une végétation sauvage.
Un vieillard fume la cigarette que lui a offerte le chauffeur, ma voisine de siège a jupe et jupon remonté sur le haut d’une paire de jambe en ivoire. Derrière mes lunettes de soleil j’accroche mon regard à la bouteille de bière que je triture entre mes mains.

Le rythme des pas d’une mule, ses clochettes cliquettent entre les blocs de six étages. Elle hale une charrette sur la petite route qui se reflète dans ses yeux mouillés.
Autour des immeubles, il n’y a pas de mur d’enceinte, pas de gardien. Les hommes que je croise sont grands et fiers, ils me dévisagent d’un air goguenard. Les femmes ont le corps droit, souple et ferme, elles baissent les yeux sur des dentelles en polyamide qui boudinent le contour de leurs sous-vêtements.

Un portail brinquebalant ouvre sur un verger, les fruits étincellent de santé. Je me faufile entre le feuillage qui ruisselle vers la terre cuivrée. Etourdi par les réverbérations et les odeurs, je m’allonge sous un pêcher, l’épaisse frondaison filtre le soleil d’été. Bercé par le vrombissement des libellules, j’égrène des poignées de terre chaude entre mes doigts.

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