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appart en Chine
6 novembre 2006

vin de banquet

Quand on m’appelle à onze heures et demi pour m’inviter et me presser d’arriver à un banquet je sais que j’ai tout mon temps, mon horloge suisse affiche le décalage. J’arrive un peu moins d’une heure après et ne suis pas le dernier. Ha ha, sons gutturaux salutations, politesses, les plats sont en train de refroidir sur la table. On me demande de m’asseoir sur la chaise qui fait face à la porte. Naturellement je refuse. Je reste debout encore un moment aussi coincé que les autres et cherche à comprendre qui est qui, qui invite qui. Dans la pièce certains sont assis sur le sofa d’autres à table et moi je suis debout face à la fenêtre, je regarde le parking, les limousines noires que le personnel ordonne avec efficacité. jiudian
Le voilà, je reconnais sa voiture. Il sort du coffre deux cornets et le portier se charge de la caisse de bière. Très vite un autre s’empresse d’alléger Patron Wang des deux sacs de papier contenant quatre bouteilles de vin chinois. Les Chinois qui connaissent un peu d’anglais traduisent baijiu par vin blanc. Au regard des degrés il faudrait plutôt traduire tord boyaux chinois et en regard du soin nécessaire à son élaboration et de l’importance de sa consommation traduisons eau-de-vie chinoise. Quant aux ingrédients, de quelles céréales elle est tirée, même le grand patron qui vient d’arriver est incapable de me renseigner; c’est pourtant en vendant cette eau-de-vie qu’il a fait fortune ! Un garçon d’étage ouvre la porte, Patron Wang entre suivi des deux porteurs. Ha ha, sons gutturaux, salutations, politesses, les plats sont en train de refroidir sur la table. Il refuse de s’asseoir sur la chaise en face de la porte. C’est bien lui qui va payer l’addition, un honneur, mais il a invité son monde pour entourer un autre patron avec qui il veut faire affaire. C’est ce dernier qui doit s’asseoir à la place d’honneur.
Tous assis, c’est pas trop tôt. Le bras droit de Patron Wang se lève et célèbre la première descente d’eau-de-vie, tous ensemble. Les femmes, si elles ne boivent pas sont priées de se tenir silencieuse jusqu’à la fin du repas et si elles boivent c’est qu’elles sont des … Les hommes qui ne boivent pas cherchent des excuses mais n’échappent généralement pas à la première rasade. Le chauffeur a réussi à esquiver en remplissant son verre de bière. Patron Wang nous invite à planter nos baguettes dans les plats et nous les chatouillons. Lui non plus n’aime pas boire, pas le choix. Et ce n’est pas parce que lui-même vend de l’alcool. Un marchand d’eau minéral devra tout autant montrer son engouement à partager l’ivresse, bonheur et fortune partagé. C’est sûr qu’il aura quelqu’un à ses côtés pour le relayer. Son bras droit se lève une seconde fois et invite à la deuxième rasade. Les femmes se tiennent coites, en fait il n’y en a pas ! Ceux qui avaient des excuses sont déjà ébréchés et savent qu’ils pourront peut-être se retirer du jeu après le troisième verre. Clic clac les baguettes et troisième rasade.
Nous buvons dans des verres de deux décilitres, des verres d’hommes quoi, transparents et je regarde combien tu as bu. Ce serait dommage que tu aies bu moins d’un déci. Les verres sont à niveau, c’est le moment des présentations. Le second s’en charge en démultipliant les mérites de chacun. Autour de la table on écoute et l’on fait mine d’offrir une cigarette à son voisin.
« Je t’offre une cigarette. Non, l’hôte a disposé quatre paquets de cigarettes sur la table et j’en tire une d’un paquet pour te la présenter. Je te présente le briquet pour te l’allumer mais tu dois refuser. Tu veux l’allumer toi-même et moi je dois insister. Alors tu me dis qu’il ne faut pas faire de manière que nous sommes tous des amis et voilà je peux allumer ma cigarette. » C’est mon tour, l’on me présente comme l’ami venu d’ailleurs sachant parler plusieurs langues, très honnête et qui n’est ni japonais ni américain.Ha ha, salutations, politesses, les plats sont en train de refroidir sur la table. Clic clac des baguettes, la situation s’est un peu décantée alors on commence à poser quelques questions discrètes, dont l’on connaît déjà les réponses. Quelques mots sur les plats, Patron Wang nous explique les denrées rares présentées à nos palais. C’est bien mais personne ne dira que c’est bon. Il ne faut pas montrer quel plat nous plaît par peur que les autres n’osent plus y toucher.
Il est bien sûr aussi de mauvais ton de dire qu’un plat ne nous plaît pas. Patron Wang se lève et remercie son invité ; il rappelle à tous combien les affaires de celui-ci sont florissantes et aussi quels sont les notables qu’il fréquente. Alors ils boivent un coup tous les deux. Leur verre est presque vide. Autour de la table d’autre verres se lèvent, en duel. Ceux qui n’aiment pas boire ne sont pas dérangés pour le moment.
Les verres sont presque vide une charmante fille en costume traditionnel fait le service. Clic clac. Cigarette. Cette fois c’est parti, les langues se délient. Le ton des conversations monte ceux qui ne voulaient pas boire ont déjà le visage rouge. Patron Wang a ses yeux de Raminagrobis et je m’ennuie que l’on ne trinque pas assez souvent avec moi, je ne peux pas boire seul alors j’étudie les invités pour savoir avec lequel il sera correct de pousser la rasade. Clic clac, c’est le moment des tours de table. L’aide de camp se lève un verre et une bouteille dans les mains et s’arrête à chaque personne. Il verse du vin au convive qui ne peut refuser, pas d’excuse valable. Après que ce dernier ce soit exécuter, l’échanson de service boit aussi une gorgée. Soit une dizaine de gorgées par tour pour peu qu’il ne tombe pas sur un os, un hôte qui exigerait de boire avec lui deux, trois ou cinq gorgées, hic, clic clac des baguettes une cigarette.
Je te présente le briquet pour te l’allumer mais tu dois refuser. Tu veux l’allumer toi-même et moi je dois insister… Quand le bras droit de Patron Wang peut enfin s’asseoir, un autre s’est déjà levé pour sa tournée. Dans le brouhaha les deux hommes d’affaire discutent en catimini.

Ha ha, la jolie serveuse nous amène le poisson. Plat symbolisant la fortune. La tête du poisson doit faire face à l’hôte d’honneur, celui-ci refuse poliment il fait tourner le plateau de table pour présenter la tête à patron Wang qui renvoie à l’expéditeur. Alors le poisson fait un demi-tour la tête arrive en face de moi, je suis l’ami international, bien sûr je refuse l’honneur. Le plateau retourne et s’arrête vers le plus âgé d’entre nous il trouve les bons mots et la tête revient faire face à l’hôte d’honneur qui finit par accepter. Maintenant il s’agit de savoir combien de verres il devra boire pour honorer le poisson et permettre aux convives d’y toucher. La serveuse y va de sa science, elle récite des proverbes à boire. Elle connaît des dictons pour autant de verres qu’il est possible de boire. D’accord la table s’est mise d’accord, trois grosses gorgées feront l’affaire. L’homme se lève, remercie Patron Wang, salue tout le monde raconte une blague et s’exécute dans une grimace. Je suis en face de lui et j’ai donc la queue du poisson qui me regarde. La jolie serveuse est déjà à mes côtés. Sans que je m’en sois aperçut elle récite le dicton incitant à boire trois gorgées je veux réagir mais elle récite déjà celui des quatre gorgées ! Je me lève et elle en au cinquième. Je dis non non non. La tablée dit oui oui oui. Il serait inconvenant de rechigner face à tant de culture m’explique mon voisin.
Je m’exécute. Hic. Passe-moi une clope. Clic clac.

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Commentaires
C
je m'en rapelle tout à fait
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